Du gaz SVP!

Gaz
Photo @ Jimmy Voyer

Avant de partir en Ontario, nous avions 2 dates de spectacle dans le Bas-St-Laurent. Une où nous jouiions avant le légendaire groupe Grim Skunk et l’autre où nous étions en tête d’affiche. La différence avec les spectacles habituels était que le niveau était plus élevé. Habituellement, nous jouions toujours dans de petites salles qui logeaient de 100 à 120 personnes maximum. Là, nous allions jouer dans une salle qui pouvait contenir 500 personnes et le show était sold out. De plus, la sonorisation de nos spectacles se limitait souvent à de petites caisses utilisées pour amplifier la voix de notre chanteur. Cette fois, tout notre équipement était amplifié et nous avions tous des moniteurs personnels. C’était la première classe. La cerise sur le sunday, c’était que nous avions notre propre loge avec un caisse de bière en prime.

Ce spectacle était magique, j’entendais tous les autres à la perfection et la foule était avec nous. Le nouveau guitariste a fait une excellente performance, comme s’il avait joué toute sa vie avec nous. Le chanteur a passé la majeure partie du spectacle à se promener dans la foule qui criait avec lui les airs vocaux. Pour ma part, je reçevais l’énergie de la foule et j’étais prêt à exploser à tout moment. À la dernière chanson, une crampe dans mes avants bras me tenaillait. Plus la chanson avançait, plus j’avais de la difficulté à tenir mes bâtons. Une chaleur me brûlait les muscles, de sorte que je ne tenais plus mes baguettes normalement, je les prenait plutôt comme des marteaux, pour tenter de finir cette chanson. Je martelais du plus fort que mes bras pouvaient me le permettre. La frustration que mon corps me lâche dans un moment pareil montait en moi à chaque coup. Je m’avais promis de ne pas détruire ma batterie à la fin de ce spectacle, puisqu’il y avait des micros sur ma batterie et que je n’avais pas les moyens de les payer. Quand la fin de la chanson fut proche, j’échappai mes baguettes et par l’impulsion du moment et sans prendre le temps de penser, je pris un des tambour et le lançai de toutes mes forces et le fracassai dans ma batterie. La foule criait et applaudissait, ce qui me ramena à la réalité. Je regardai les autres qui m’avaient suivis dans mon élan. Sauf le nouveau guitariste qui nous regardait faire et déposa soigneusement sa guitare devant son ampli.

La foule clamait une autre chanson, mais, avec le nouveau guitariste, nous avions passé au travers de notre répertoire. De plus, nos instruments étaient répandus sur le sol de la scène. Alors, nous sommes remontés sur scène après quelques minutes pour ramasser nos instruments. Mes bras me faisaient encore mal et j’avais de la misère à ranger ma batterie dans ses boîtes. Nous sommes restés par la suite jusqu’à la fin du spectacle afin de se divertir en écoutant Grim Skunk. Nous étions bien contents de ne pas avoir de route à faire pour retourner à la maison, alors nous en avons profité pour vider la caisse de bière qui se trouvait dans notre loge.

Le nouveau guitariste semblait être enchanté par cette soirée magique. Il a dit avoir adoré jouer devant une si belle foule. Le fait qu’il ne détruise pas sa guitare ne nous posait aucun problème. Puisqu’il fallait que cela soit spontané et que ça vienne de lui, si non cela aurait été inutile qu’il le fasse. Nous avions enfin l’impression d’avoir trouvé le membre du groupe qui nous complétait. C’était une soirée géniale et la lune de miel se termina par un party dans un hôtel avec les autres groupes de la soirée. Nous ne pouvions rien demander de mieux.

Le lendemain midi, nous avons déjeuné et ensuite relaxé jusqu’au soir pour notre second spectacle. Là, nous étions dans notre élément habituel. La petite salle était pleine, surtout de personnes qui nous avaient vu le soir avant. Ce spectacle était encore plus magique que la veille. Les spectateurs étaient en communion avec notre vocal. Le genre d’ambiance qui ne se commande pas mais qui arrive parfois sans trop que l’on ne se doute pourquoi. Cette soirée a été, avec celle de la veille, l’une des plus lucrative de notre existence puisque nous avions assez d’argent pour payer tout le gaz pour se rendre à notre prochain spectacle en Ontario.

À ce moment, nous aurions dû nous douter que le nouveau guitariste n’était pas fait pour nous. Après le spectacle, nous sommes retournés dans la van pour une nuit et un jour complet de route. Alors que nous faisions le constat des deux spectacles que nous qualifiions de réussite totale, le nouveau, pour sa part, n’était pas satisfait.

– Le spectacle d’hier était sensass, mais à soir, il aurait pu y avoir plus de monde et notre paie aurait pu être plus grosse.

En une phrase, il venait de détruire deux règles non-dites du groupe. Premièrement, dans les spectacles, même si il y a 5 personnes, on s’en contente. Ils ont tout de même levé leur derrière pour venir nous voir et ça, ce n’est pas rien. Deuxièmement, l’argent, s’il trouvait que nous n’en avions pas fait assez, il allait trouver la route longue, puisque nous n’en avions jamais fait autant. Nous avons ignoré cette remarque et nous nous sommes mit à la recherche d’un téléphone pour appeler le CAA.

Nous avions au moins 12 heures de route qui nous attendaient et après seulement 10 km, nous sommes tombés en panne d’essence au milieu des montagnes du Bic et en pleine nuit. Tout ça par ma faute, j’avais sous-estimé la distance avant la prochaine station service et surestimé notre réserve d’essence.

À suivre…

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