Neige…

neige

Revenus à la maison après le spectacle de Gaspé, nous avions décidé de prendre un temps pour nous adapter à notre nouvelle vie et de composer de nouvelles chansons. Ce qui tombait bien puisque l’automne tirait à sa fin et que la tortue n’avait pas encore de pneus d’hiver. Alors, ce fut une nouvelle routine qui embarqua. La nuit, les gars travaillaient sur des affiches de spectacle, sur des concepts de pochettes et sur d’autres trucs. Pour ma part, je les aidais un peu, mais je me couchais tôt puisque je travaillais de bonne heure la semaine. Ce qui ne les gênaient pas de travailler sur l’ordinateur du salon (qui était dans ma chambre) toute la nuit. Quand mon cadran sonnait à 5:00 A.M, je me levais pour aller travailler tandis que les autres allaient se coucher.

Puis, arriva la première neige. Une de ces belles neiges d’automne qui donne le goût d’aller dehors. Les gros flocons de neige tombaient lourdement, ce qui recouvrit rapidement la pelouse. Dans ce décor féerique, je décidai d’aller prendre une marche. La neige me collait au visage et mes cheveux emmagasinaient la neige. La musique de mon discman rendait la scène tout à fait splendide. C’est le genre de marche inspirante, qui replace les idées. Cela me fit penser au début du groupe puisque l’inspiration première du groupe, c’était la neige. D’ailleurs, le premier album avait été composé presque entièrement au mois de décembre.

Le local de pratique où nous avions eu cette inspiration était situé dans un rang au beau milieu des fermes et des champs. Nous pelletions pour entrer dans la cours avec mon auto et nous pelletions aussi pour en ressortir. Cet hiver-là, il y avait eu des tempêtes à répétition. Cela a sûrement aidé à notre inspiration. Le local était dans une petite salle connexe à une maison, un peu comme une rallonge sur le côté. Quand nous ne faisions pas de bruit, nous entendions le vent siffler au travers des fenêtres. Il fallait que je réchauffe la pédale de mon “bassdrum” puisqu’elle était toujours refroidie par les courants d’air au plancher. Nous commencions nos pratiques en grelottant, mais à la fin, il faisait toujours chaud. Les murs étaient tapissés de draps et d’affiches de spectacle de Nut for sale, des Muffles, de Psychofuzz et d’autres célébrités de la région. Le local était séparé par un grand drap qui cachait un monticule de trucs qui était entreposé là. Nous commencions nos pratiques le soir vers les 20 heures et nous terminions aux petites heures du matin. Ce qui nous donnait le temps de faire des improvisations qui pouvaient durer des heures. Cette salle était hors du temps, du monde qui nous entourait. Nous jouions tellement longtemps que certaines fois, nous oublions d’où nous étions partis pour nous rendre à cette mélodie. Ce qui nous a permis de composer un bon nombre de chansons assez rapidement. Mais d’un autre côté, nous perdions souvent de bonnes mélodies. Ce qui rendait la chose si captivante était que nous nous laissions emporter corps et âme dans la musique. Il n’y avait pas de gêne, ni de peur de faire une fausse note. Il n’y avait que la musique pure.

Cela faisait près d’une heure que je marchais dans la neige. Mes cheveux et mes pieds étaient détrempés de neige fondue. Je décidai de revenir à l’appartement voir les gars. En entrant dans l’appartement, une bouffée de chaleur me picota les joues. J’enlevai mes bas humides et me prépara un bon chocolat chaud. Je m’assis sur le divan et tombai endormi aussitôt. Mon chocolat chaud gisant par terre, la télécommande sur le point de faire une chute et une belle coulisse de bave sur la joue, il n’y a vraiment rien dans la vie qui peut égaler ça.
Il ne restait que 2 semaines avant Noël et tous les gars descendaient voir leur famille sauf moi. Puisque je travaillais quelques jours durant les fêtes, je devais rester seul à l’appartement. J’appréhendais ces moments de solitude puisque je savais que j’allais encore une fois me retrouver avec mon pire ennemi…

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